Limites de la preuve expérimentale

À l'école élémentaire, les écoliers apprennent ce qui leur est présenté comme un moyen de vérifier la validité d'une multiplication (ou d'une division).

Or, si ce procédé permet, lorsque l'on n'obtient pas d'égalité, d'être assuré que le résultat de l'opération est faux, en revanche, lorsque l'on obtient une égalité, cela ne garantit pas la validité de l'opération.

Par conséquent, il apparaît que, si l'on peut prouver l'erreur, il semble en revanche impossible de prouver la vérité.

Nous pouvons appliquer ce principe logique à l'organisation de notre système judiciaire : la charge de la preuve revient à l'accusation, qui poursuit un mis en cause seulement dès lors que l'on dispose de suffisamment d'éléments allant dans le sens d'une présomption raisonnable de culpabilité. Pour autant, le mis en cause est présumé innocent, tant que sa culpabilité n'a pas été établie : autant il est possible à l'accusation de prouver qu'il a commis une faute, autant il serait très difficile, sinon impossible, pour le mis en cause de prouver son innocence. Ainsi, le juge se prononce toujours sur la culpabilité du mis en cause : dès lors que celle-ci n'est pas certaine et qu'il subsiste un "doute raisonnable" quant à son innocence, alors elle le déclare "non coupable". Il n'a, en revanche, pas compétence à se prononcer quant à l'innocence du mis en cause. 

Dès lors, nous pouvons nous interroger sur la méthode expérimentale dans le domaine des sciences de la nature : si une expérimentation ne donne pas lieu à l'observation qui était attendue, alors l'hypothèse justifiant cette attente est disqualifiée. En revanche, lorsque l'expérimentation donne lieu à l'observation qui était attendue d'après l'hypothèse formulée, est-on certain que la théorie que l'on en retire est bien vraie ?